TRANSLATE : ce site est international !

samedi 22 août 2015

LA COMTESSE DE PEAUSSARDELLE, HONTE DE LA COUR - 1779

La comtesse de PEAUSSARDELLE, une "forte-en-gueule" injustement méconnue :


L'Histoire a retenu le nom de Catherine Husbcher, la célèbrissime Madame Sans  Gêne,  la Maréchale LEFEVRE, qui s'illustra de bien étonnante façon sous le consulat et le 1er Empire, dans l'entourage et à la cour de NAPOLEON : ses excès, son franc-parler, et ses manières bien peu aristocratiques l'ont popularisée à travers maints ouvrages littéraires, théâtraux ou cinématographiques ; sans doute en exagérant un peu, d'ailleurs : était-elle aussi commère, argotique et poissarde qu'on la représente parfois ?

Madame Sans Gêne est certes un personnage incontournable de la période napoléonienne, mais, si on l'évoque régulièrement, jamais on ne pense à faire surgir des oubliettes de l'histoire, une autre "sacrée bonne femme", qui elle aussi avait un caractère bien trempé et n'avait pas sa langue dans sa poche : La Comtesse de PEAUSSARDELLE. Pourtant, à son époque, soit une trentaine d'années avant Madame Sans Gêne, cette femme "étonnante et détonante" ne passa pas inaperçue à la cour de Louis XVI !

De petite noblesse rurale haut-normande, Emilie-Véronique de LARREYDUE avait épousé en 1773 le  comte de PEAUSSARDELLE, qui possédait une petite charge à la cour ; elle parut donc souvent à Versailles et, suivant un penchant naturel  à ne point retenir ses mots, et à les sortir crus en les gueulant, elle y développa de plus un esprit de commérage et de ragots...jugée au début atypique par les dames bien élevées et de haute naissance, elle ne tarda pas à les amuser, et se constitua rapidement un auditoire complaisant et pouffant de ses nombreuses saillies, en agitant ridiculement les éventails.
D'une rare vulgarité, elle usait quotidiennement des expression suivantes, tant devant son petit personnel - qu'elle tyrannisait - qu'en présence des plus hauts personnages de la cour :
"Putain de Merde"!
"Chié !
Quasiment toutes ses phrases étaient émaillées de ces doux mots, ainsi que sa correspondance. Consciente de sa singularité et de son succès, elle disait d'ailleurs d'elle-même : "C'est "ma pomme" la Sévigné d'aujourd'hui, mais en moins chichiteuse !!!"
Elle était coutumière de réflexions à haute voix, lancées à la cantonade parmi un groupe de courtisans.
Citons ainsi quelques exemples relatés par des obscurs chroniqueurs de ce temps :

En 1774, lors de l'avènement de Louis XVI  :
"Ah nous v'la bien avec cette face de cochon !" et "j'le sens pas c'te gibier là, çà craint ; la loose, j'vous dis !"

A l'occasion de l'éloignement forcé, sur ordre du nouveau roi, de la Du Barry : "Dégage la Pouffiasse !" ou encore  :"Ah c'est curieux çà chlingue moins la morue maintenant !".

Le Roi, pourtant d'un naturel apathique et fort patient, s'agaçà un jour de ces trop fréquents écarts publics de langage qui, dit-il, "pouvaient faire comme une tâche dans le si beau parterre de ma fidèle noblesse", mais son frère Provence (futur Louis XVIII), plus porté à la tolérance et à la modernité, la défendit :
"Mon frére,  certes Mme de  Beaussardel ne s'embarasse pas de précautions oratoires, et bien excessives parfois sont ses expressions ; mais c'est là un bien  menu défaut, et nous priveriez vous de cet amusement ? N'avez vous point comme lubie de désserrer un peu l'étau, concernant les libertés publiques ? ménagez donc ce bel exemple , ce petit signe à l'opinion vous coûtera peu !! Et puis, en voilà une qui au moins ne se mêle point de politique ..." . L'allusion à Marie-Antoinette était à peine voilée, mais le Roi au moins la comprit-il ?

Et cela continua donc :
- En 1776, à l'éviction du Ministre réformateur TURGOT :"Ah c'qu'il nous pompait l'air ce trou-duc'là avec ses idées à la con !!!" .
Elle exprimait cependant, de verte façon, l'opinion commune de la Cour sur le courageux ministre aux vues un peu trop avancées...
- Et en 1778, lors de la naissance de Marie-Thérèse, "Madame Royale", premier enfant du couple royal : "Pouah quelle mocheté!! la gueule du gros !!! 7 ans d'attente pour nous pondre cette bestiole-là !!! j'en voudrais pas pour donner à mes chiens !"

Gagnant à force le surnom de "Langue de fonds-de-chiottes", la  Peaussardelle, comme on l'appelait le plus souvent sans citer son titre nobiliaire (si peu assorti à son langage), Emilie-Véronique était aussi une butineuse de buffet sans complexe, s'empiffrant de macarons alors à la mode.
Ci-dessus le portrait de la comtesse de PEAUSSARDELLE en 1786. Certes, nul ne prétendit à l'époque qu'elle fut un prix de beauté, mais le peintre a su rendre toute la physionomie exagérément maquillée de cette femme vantarde, et qui se croyait coquette.

En 1789, aux tous débuts de la Révolution, une marquise se risqua à lui dire sur un ton mielleux:
"Vous qui aimez à parler "Peuple", les événements ne doivent pas tant vous chagriner...".
Ce qui déclencha sa fureur :
"Quoi !! Marquise de mes deux ! ! Pouffe en dentelles !!! T'insinue pas des fois qu'j'suis moins respectable et noble que toi, Morue !! j'vais t"faire bouffer ton arbre généalogique, Pétasse!!! Barre ton fion d'là!"
la marquise outrée n'osa rétorquer sur le moment, mais croisant plus tard Louis XVI lui demanda s'il pouvait éloigner cette malotrue de ce qu'il restait de la Cour : Il répondit : "je vous comprends Madame mais vous voyez bien que j'ai d'autres soucis!"

Malgré son côté "grande gueule" et ses emportements, l'ordurière Comtesse n'était que couardise; elle prit peur de la tournure des événements, et dés 1792, laissant son époux mais emportant ses bijoux, s'enfuit de Paris et gagna l'Angleterre avec d'autres exilés de qualité. Discrète au début,  son naturel reprit vite le dessus, et alors qu'en France la terreur se déchainait, elle exprima ses vues dans un " franglais" fort couillu lors de "quarts d'heure d'actualité" mis en scène par l"un des nobles exilés, un poète raté immodestemet auto-baptisé "Adonis de la Musette" , qui ,vite convaincu de son succès encouragea ses débordements oraux :
A l'annonce de l'éxécution de Louis XVI : "Fuck!! This  stupid boy de LOUIS XVI ! Couped en two comme du saucisson  !!"
ou à la mort de Robespierre : "Ah mais ce connardious !!! Kaputt Robespierre, j'm'en tape le cul par terre !!"
Les convives en firent même un jeu, l'interrogeant à tour de rôle sur tous sujets pour susciter une réaction puis s'en moquer, voire à prendre des paris.... Se rendit-elle compte d'être devenue en somme la bouffonne d'un "dîner de con" avant la lettre ? Pas sûr... mais "prêtons lui deux neurones d'intelligence", comme a dit quelqu'un...

Finalement, elle  resta à Londres, et  son époux ayant été guillotiné en 1794, se remaria avec un hôtelier, qui jugea tout à propos d'ouvrir à côté de son établissement un "Café Français", fréquenté par la petite communauté des émigrés qui grossissait alors ...

Et c'est ainsi que pendant 25 ans, jusqu'à la fin de l'Empire,  déblatérant de sa bouche fleurie par un argot du plus crasse,  de la Comtesse représenta outre-manche l'"Esprit Français" !!!

Voilà peut-être un des éléments d'explication de l'image détestable et souvent si caricaturale que les anglais se font de nous,  pauvres français, pauvres "froggies" !! 


Aucun commentaire: