UN ARTISTE MECONNU : SERGIO DI LERONNAZZI, peintre obsédé des cieux.
Sergio DI LERONNAZZI (Astanazzio di Liguri 1683 - Les Batignolles 1765) fut un grand peintre de son temps, hélas injustement méconnu ; Désirant se distinguer par la maîtrise d'un thème, il se spécialisa dans les "ciels", et ses tableaux sont réputés pour être d'un réalisme étonnant pour leur époque ; qu'on en juge avec ces quelques toiles :
Ciel de mai débutant (1756) :

Ciel de mai finissant (1756) :
Ciel de juin au 1er du mois (1758) :

Ciel de juin au 20 du mois, en Normandie :

Signe d'une réelle cohérence picturale, sans céder aux modes du temps, il se refusa toujours à changer de sujet et de manière, s'attirant parfois les critiques de ses contemporains. Ainsi, au salon de 1756, on entendit ces quelques remarques :
- "tu te répéterais pas un peu, Sergio?"
- "Que de monotonie ! Ceci n'inspire que baillement ..."
et même, plus cruel :
- "Tout juste bon à décorer une pissotière" !
- "Du bleu, du bleu, rien que du bleu, parfois du gris, certes ; sait-il au moins qu'il existe d'autres couleurs? ou est-ce par pingrerie?"
et, plus direct : "Evolue, Merde !"
Ne paraissant nullement affecté par ces remarques, il construisit lentement son oeuvre, sans vendre beaucoup de tableaux il faut bien le dire ; les spécialistes ont inventorié 598 toiles, classés en 4 périodes :
1703-1719 : "Ciels de jeunesse" (198 toiles)
1720- 1736 : "Ciels matures, pluies et orages" (103 toiles)
1736-1744 : "Ciels chargés, perfection de l'art du Nuage" (18 toiles seulement, mais exceptionnelles par leur réalisme quasi photographiques)
1744-1750 : "Ciels de vieillesse, éclairs et tempêtes" (102 toiles)
1750-1761: "Ciels vus depuis l'Asile"(177 toiles) : cette dernière période est ainsi désignée par les puristes car la propre famille de DI LERONNAZZI le fit interner, sur le conseil d'éminents médecins qui considéraient son obsession des Ciels comme des symptômes avérés de la folie .
On a supposé aussi que des motifs de captation d"héritage n'étaient pas étranger à ce placement d'office...
Les 5 dernières années d'existence de cet artiste oublié furent improductives, en effet, sa paralysie progressive des membres supérieurs le contraignit à renoncer à peindre ; du reste, ses toutes dernières toiles, des gribouillages informes, très éloignés de sa virtuosité habituelle, furent détruites par ses descendants.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire